Joaillier depuis plus de six générations, Gübelin souhaite rendre le marché des pierres colorées plus transparent. L’Emerald Paternity Test, une technologie développée en 18 mois et appliquée en quelques secondes est une solution. L’article original a été publié dans l’édition de novembre 2017 de Bilan Luxe.
Il semblerait légitime qu’à la question « d’où vient cette pierre ? » une vendeuse en joaillerie soit capable de répondre. Ce n’est pas pourtant pas une évidence. En effet, la question de la traçabilité d’une pierre est d’autant plus fréquente depuis que les acheteurs, de plus en plus éduqués sur le sujet, deviennent soucieux des standards environnementaux, sociétaux et éthiques. Les vendeurs sont alors contraints de leur fournir un maximum d’informations dans un souci de transparence. « Aujourd’hui, il y a plus de questions ouvertes que de réponses données, » explique Patrick Pfannkuche porte-parole de la société suisse Gübelin. « La demande des clients mais également de nos marchés s’accroit quant à la provenance de nos pierres. Indépendamment de son pays, ils veulent connaître le nom de la mine ou la compagnie qui la détient, » précise-t-il. Souhaitant être à la genèse d’un changement dans l’industrie joaillière plutôt que d’y participer a posteriori, Gübelin a mis au point une technologie permettant de déterminer l’origine des pierres de couleurs à commencer par l’émeraude.
En effet, la pierre de l’espoir possède naturellement des failles dans sa construction, ce qui a permis à Gübelin de s’y intéresser étroitement dans l’élaboration de leur Emerald Paternity Test. Cette technologie permet de déterminer l’origine de la pierre grâce à une nanoparticule insérée sur les cristaux d’émeraudes brutes et ce directement à la mine avant tous les procédés standard de nettoyage, taille, polissage, transport et sertissage. Une sorte de micro-puce invisible et totalement indécelable à l’œil nu ni à la loupe optique qui n’affecte aucunement les propriétés ou les informations de la pierre. La molécule ADN qui est insérée dans cette nanoparticule génère des informations spécifiques et propres à chaque pierre. Elle devient donc identifiable à tout moment par Gübelin, qui peut alors prouver la provenance de chaque pierre avec la plus grande précision.
Leur souhait est donc d’arriver à sensibiliser un maximum de mines sur ce procédé. Malheureusement, d’après Pfannkuche, il semblerait que les grands acteurs en joaillerie soient plus intéressés par la valeur de la pierre que dans sa provenance. En utilisant comme outil l’Emerald Paternity Test, qui par la suite s’appliquera à d’autres pierres précieuses, Gübelin offre un levier compétitif vis à vis des autres mines dont le premier bénéficiaire de cette technologie est en fait le client final. Par conséquent, dans quelle mesure est-ce que Gübelin arrivera à imposer leur technologie de la même manière que le processus de Kimberley s’est imposé pour les diamants en éradiquant les diamants de conflits aidant à financer les guerres livrées par des rebels aux gouvernements? Le certificat Muzo qui vise à délivrer l’équivalent d’un passeport pour chaque émeraude est un autre exemple. Si certains s’exclament que les deux derniers ne sont qu’un morceau de papier qui ne prouvent rien, d’autres se réfugient à tort ou à raison dans ces gages de qualité. Une technologie avancée comme celle de Gübelin, qui n’est pas universelle ouvre cependant un spectre de solutions qui appelle à une certaine réflexion… en route pour une (r)évolution!