Couture Show: Les Tendances à Suivre

Couture Show : Fernando Jorge Earrings, Selim Mouzannar, Margery Hirschey earrings, Elie Top Ring

Plein feux sur nos coups de cœur et talents du dernier Couture Show de Las Vegas. À chaque marque, sa signature !

Auteur Par Eleonor picciotto

L’émail, un nouvel avenir

Sous toutes les formes, on retrouve des bijoux émaillés aux couleurs bien tranchées, jouant sur les opacités et les textures, chez quasi toutes les Maisons. L’émaillage n’est pas aussi simple qu’il y paraît. ll requiert certaines connaissances, notamment les techniques de pose et surtout d’alliage de couleurs et de cuisson pour obtenir le rendu escompté. Certaines marques l’utilisent depuis leur création.

C’est le cas du Libanais Selim Mouzannar ou de la New-Yorkaise Alison Lou qui s’amusent de voir cet engouement récent autour d’une technique qu’ils maîtrisent depuis bien longtemps. La créatrice américaine a d’ailleurs imaginé une série de créoles en émail et lucite, une sorte d’acrylique transparente, dont l’instagrameuse aux 18 millions de followers, Emily Ratajkowski, connue sous le pseudonyme EmRata, est la première muse et ambassadrice. Nikos Koulis, star montante de la joaillerie, a quant à lui breveté sa technique d’émail translucide que l’on pourrait confondre avec du saphir blanc. Un effet trompe-l’œil saisissant que le joaillier vient sertir entre des diamants de taille émeraude. Une création qui lui a valu cette saison un prix, comme à chaque fois ou presque, ces dernières années. Parmi celles qui maîtrisent le mieux l’émail, on retrouve également Brooke Gregson dont la particularité est de jouer à sertir les pierres de couleur sans les retailler. La créatrice garde leurs formes organiques et leur dessine une monture autour comme une sorte d’« habitat sur-mesure ». Une de ses signatures reste l’émail dit ombré. Une technique qui consiste à graver l’or en amont de manière à donner de la profondeur et du relief une fois les couches d’émail appliquées. Dernière nouveauté, la collection « Galaxia Enamel », de Colette Jewelry, une succession d’étoiles d’émail de couleurs, déclinée en bracelets, colliers, puces d’oreilles, chokers ou chevalières. Chaque étoile est toujours sertie d’un diamant en son centre.

Portrait de Selim Mouzannar
Portrait de Selim Mouzannar

3 questions à… Selim Mouzannar

1 . Vous utilisez la technique de l’émail depuis plus de quinze ans et maintenant tout le monde le travaille, quel est votre sentiment à propos de cet engouement ?

Ils ont attendu que de nouvelles technologies facilitent l’application pour l’utiliser. Au départ, le travail de l’émail est assez technique bien que ce soit une manière facile de rendre les bijoux plus gais et plus colorés.

2. Comment obtenez-vous des collections aussi vivantes que vibrantes ?

C’est un concentré de ma vie, de ce que je sens, de ce que je vis,
de là où je vais ou même de ce dont je rêve !

3. Justement, quels sont vos rêves, ceux qui vous inspirent ?

Je rêve aux pierres, c’est le cœur de la nature. J’aime celles qui tirent vers le bleu, comme les saphirs du Ceylan. Elles me rappellent la mer, dont je suis totalement addict.

Selim Mouzannar - Mina Boucle d'oreille en or rose et émail ivoire sertie de diamants et saphirs
Selim Mouzannar – Mina Boucle d’oreille en or rose et émail ivoire sertie de diamants et saphirs
Alison Lou - Boucles d'oreille Linear en or jaune et émail serties de diamants
Alison Lou – Boucles d’oreille Linear en or jaune et émail serties de diamants

Le vert, un espoir facetté

Depuis plusieurs saisons, l’émeraude, principalement colombienne, est décrite comme un graal de plus en plus difficile à trouver. C’est probablement une des raisons pour lesquelles les créateurs sont nombreux à travailler cette pierre à leur façon. Les plus audacieux ont su contourner certains prérequis en les tournant à leur avantage.

Dana Bronfman, notamment, a décidé de faire équipe avec la mine colombienne Muzo pour lancer une « collaboration éthique » de bagues en or fairmined et d’émeraudes sourcées. On retrouve une sélection de pierres plutôt claires, tirant vers le vert d’eau en taille cabochon qui contraste avec l’or jaune martelé. Le Brésilien Moritz Glitz a choisi d’encapsuler des centaines de fragments de pierres dans du cristal de roche pour un effet tout en mouvement. En revanche, l’Italien Antonini, Cathy Waterman ou encore Margery Hirschey ont compris que pour travailler cette pierre dans des volumes intéressants et à des prix non moins exorbitants, il fallait la choisir à l’état brut. Cas échéant, on se retrouve avec une boucle d’oreille Haute Joaillerie comme chez Kavant & Sharart, un couple de Thaïlandais qui s’est fait connaître pour leurs bijoux origami en serti invisible de diamants. Dans cette même dynamique, la marque Marina B. présente une bague sertie d’une magnifique émeraude, cette fois non huilée et non chauffée dans un style Art Déco. D’autres ont pris le parti d’utiliser des émeraudes de laboratoire pour minimiser les coûts. D’origine Indienne, Anar Bhansali utilise cette technique pour sertir des diamants au cœur même de l’émeraude de synthèse. Atelier Swarovski a également choisi cette gemme de laboratoire alliée à des diamants pour paver une manchette et obtenir un effet plus que scintillant.

Moritz Glik - Bracelet en or jaune et en émail noir avec de l'émeraude enfermée dans un shaker Kaleidoscope
Moritz Glik – Bracelet en or jaune et en émail noir avec de l’émeraude enfermée dans un shaker Kaleidoscope
Margery Hirschey - Boucles d'oreilles en or jaune serties d'émeraudes
Margery Hirschey – Boucles d’oreilles en or jaune serties d’émeraudes

L’or dans tous ses états

Gravé, brossé, martelé, tissé, travaillé en filigrane ou suivant la technique florentine, l’or n’en finit pas de nous surprendre. À commencer par le français Elie Top, dont la présence pour la deuxième année consécutive en a ravi plus d’une. Après avoir fait ses classes aux côtés d’Albert Elbaz chez Lanvin, ce génie créatif a laissé libre cours à son imagination en lançant sa marque éponyme il y a trois ans. Travaillé à la main comme un objet unique, chaque bijou semble avoir une âme. Sa bague Épi dont les blés bougent au  gré des mouvements de la main en est un bel exemple.

Il n’y a pas de secret,  les plus beaux rendus de matière s’obtiennent à la sueur du front et des articulations. Arman Sarkisyan l’explique parfaitement. C’est sur le banc de l’atelier de son père, à Los Angeles, qu’il a tout appris. Les pendentifs à secret en or martelé ou gravé deviennent sa signature au même titre que l’or dit « frosted » de l’Italienne Carolina Bucci, héritière de la technique florentine mise au point par son grand-père. C’est à l’aide d’un outil biseauté d’une pointe de diamant qu’elle procède au martelage du métal si fin qu’il ressemble à une couche de poussière de diamant. On lui doit aussi des bijoux en or tressé où se mélangent subtilement filaments d’or 18 carats et soie, une technique qui lui a valu son premier prix aux Couture Design Awards 2018 dans la catégorie bijoux en or. Dans la lignée des techniques ancestrales, la marque Eleuterio perpétue l’art du filigrane. Sa particularité ? Partir d’un petit bloc d’or et l’affiner avec moult opérations manuelles jusqu’à obtenir des fils d’or aussi fins qu’un cheveu, qui seront ensuite torsadés, enroulés, coupés, puis assemblés pour en faire des bijoux montés sertis de diamants. Il va sans dire que l’or mat, brossé ou brillant ne laisse pas non plus indifférent. Le pendentif solaire de Venyx by Eugénie Niarchos en or brossé rehaussé de saphirs de couleurs a su captiver l’attention, là où Karma El-Khalil en a intrigué d’autres en déjouant les espaces négatifs de ses bagues afin de renforcer leur design.

Arman Sarkisyan portrait
Arman Sarkisyan portrait

3 questions à… Arman Sarkisyan

1. Pourquoi n’utiliser que l’or jaune ?

On peut facilement jouer sur les textures et les effets en travaillant l’or jaune en fonction de l’aspect ou de l’époque qu’on veut lui donner même si la pièce est moderne.

2. Votre marque en trois mots ?

Gothique, byzantine, Renaissance, le tout projeté dans l’époque actuelle.

3. Quel serait le must have de votre collection ?

J’aime les pièces de joaillerie qui ont une histoire et prennent la forme d’une œuvre d’art. Chacune doit avoir quelque chose de symbolique mais également de mystérieux. Les colliers Lockets sont les meilleurs exemples. Quand on ouvre le pendentif, on découvre quelque chose d’intime que personne ne peut deviner.

Arman Sarkisyan - Médaillon de cerf ovale en or jaune martelé
Arman Sarkisyan – Médaillon de cerf ovale en or jaune martelé
Karma El Khalil - Bague Trilogy en or rose
Karma El Khalil – Bague Trilogy en or rose

Les pierres improbables

Génie de sa génération qui étudie la femme comme personne, c’est le brésilien Fernando Jorge qui remporte tous les suffrages depuis plusieurs années. Sa dernière nouveauté? La Tagua Seed, une sorte d’ivoire végétale qu’il a trouvée dans son pays natal sous la forme d’une noix qui pousse sur des palmiers. Un résultat étonnant de douceur et de légèreté démontré dans sa dernière collection, « Surround », sublimée de quelques diamants.

De son côté, la Californienne Andrea Fohrman, surnommée « la reine de la couleur », vit dans un monde enchanté où se mélangent paillettes, étoiles et diamants. Avide de matières inédites, de formes ou de textures, elle s’amuse à transformer ce qui ressemble à des cailloux en bijoux séduisants. Les derniers en date ? Le chrysocolle ou la Rainbow Hématite qui ressemble à de la roche volcanique saupoudrée de paillettes. De son côté, Yael Sonia, dont l’éducation américano-franco-brésilienne a formé l’œil artistique, utilise des petits blocs de quartz rutile ou d’amazonite qu’elle perce au centre pour enfiler à l’envers les tiges de ses boucles d’oreilles. Pour la troisième année consécutive, nous avons retrouvé Lito et sa boîte à trésors, ses bagues colorées dont chaque pierre est retenue par une corbeille mobile en or ajouré et diamants en serti clos. Une technique ingénieuse qui permet de sécuriser la pierre de centre et d’irradier chaque gemme de lumière. La kyonite dont le bleu rappelle l’intensité du saphir est une belle démonstration. Pour sa part, Vram qui, après avoir passé près de vingt-cinq ans au côté de Loree Rodkin, s’est lancé en tant qu’indépendant et a raflé deux prix aux Couture Design Awards. Admirateur de JAR et joaillier hors pair, Vram a créé un serti qui n’a d’égal tant il est soyeux et régulier. Ses bagues cocktail, toutes uniques, ont une forme organique qui nous laisse rêveuses, comme celle sertie d’une chrysocolle d’Arizona taille cabochon entourée de tourmalines Paraïba et de diamants laiteux.

Portrait d'Andréa Fohrman
Portrait d’Andréa Fohrman

1. Quelle est votre pierre du moment ?

Mes choix changent beaucoup et souvent ! Aujourd’hui, je suis fan de la cobaltocalcite, une pierre rose pleine d’aspérités et de lignes irrégulières.

2. Qu’est-ce qui vous stimule particulièrement ?

J’aime créer quelque chose sur la pierre : rajouter de l’émail, de la marqueterie, des diamants, des étoiles ou des planètes. Il faut
la faire vivre et vibrer.

3. Quels qualificatifs décrivent au mieux votre marque ?

Joyeuse, colorée et légère !

Andrea Fohrman - Bague en or sertie d'une Rainbow hématite
Andrea Fohrman – Bague en or sertie d’une Rainbow hématite
Yael Sonia - Boucles d'oreilles carrés inversés
Yael Sonia – Boucles d’oreilles carrés inversés

 

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