Présentée à Paris la semaine dernière, la nouvelle collection M/G TASAKI crée une nouvelle fois la surprise, en jouant sur le mariage de l’or et de la perle, et les jeux de découpe des gemmes nacrées.
C’est sans doute l’un des duos les plus inspirés de la joaillerie. La designer Melanie Georgacopoulos et la maison TASAKI forment un tandem des plus complémentaires. A l’œil aiguisé du premier, répond le savoir-faire d’excellence et l’histoire prestigieuse du second. Ensemble, ils ne cessent de revisiter la perle, qui sous leur impulsion, n’a jamais été aussi désirable.
Après presque dix ans de collaboration, et une série de pièces iconiques, à l’instar des sliced pearls, l’élan créatif est intact. La preuve, avec la présentation de trois nouveaux concepts, que nous présente la designer franco-grecque Melanie Georgacopoulos.
Marie-Caroline Selmer : Quels sont les traceurs de la nouvelle collection ?
Melanie Georgacopoulos : Cette saison, j’ai eu envie de travailler la géométrie, très présente dans la série Wedge. TASAKI a réussi la prouesse de creuser l’intérieur des perles pour y incruster une feuille d’or jaune 18 carats. L’or reflète ainsi la rondeur de la perle, ce qui donne un supplément d’éclat aux bijoux. De son côté, la série Square Leaf, symbolise la rencontre impossible du carré et du rond, avec cette feuille d’or qui vient épouser avec délicatesse les contours de la gemme, mettant ainsi en valeur les matériaux.
Triple pearl revisite le concept d’alignement parfait des perles. Que souhaitiez-vous exprimer ?
Melanie Georgacopoulos : Quand on parle de perles, l’attention tend encore à se focaliser sur des pièces parfaites, où les perles sont toutes de la même couleur, avec un calibrage identique. L’idée, avec la série Triple Pearl, est de prendre conscience que la perle est avant tout un joyau de la nature, et que ses imperfections en font sa richesse. Pour cette série, j’ai associé à de l’or jaune trois perles de tailles différentes, aux teintes pastels allant du blanc, au mauve en passant par le rose. La subtilité est que les perles ne sont pas accolées, pas creusée de sorte qu’elles s’emboitent parfaitement.
En 10 ans de collaboration avec TASAKI, vous avez réussi à moderniser la perle. Comment la clientèle a-t-elle accueilli ces évolutions ?
Melanie Georgacopoulos : La clientèle japonaise a une excellente connaissance de la perle, qui fait vraiment partie de leur culture. D’une certaine manière, c’est ce qui leur a permis d’accueillir avec enthousiasme ma proposition créative. Dans la mode comme en joaillerie, les japonais recherchent soit des pièces classiques, soit des pièces extrêmes. En l’occurrence, j’incarnais la seconde option, et par chance cela leur a plu ! Avec le temps, j’ai pris conscience que j’avais deux types de clientèle : la première, qui possède plusieurs colliers de perles, mais aussi des bagues et bracelets, et qui cherche la surprise, un parti pris créatif qui va la séduire, et la seconde, qui est attirée par le design des pièces. Pour ces femmes souvent plus jeunes, le fait que le bijou soit serti de perles est secondaire.
Avez-vous perçu le même accueil en Europe ?
Melanie Georgacopoulos : Les européens se tournent encore en majorité vers le diamant dans leur recherche joaillière. Cependant, je note une visibilité croissante de la maison TASAKI en particulier chez les jeunes, notamment chez les hommes, et c’est très prometteur.
Quelles sont vos envies créatives pour la suite ?
Melanie Georgacopoulos : Celle d’explorer le territoire de l’homme, car je trouve que les perles leur siéent à merveille, et pas seulement la perle noire ! Évitons de nous laisser enfermer dans les stéréotypes. Je ressens également l’envie d’élargir ma palette de perles, constituée aujourd’hui majoritairement de la perle de culture ou la perle Mabé, pour l’ouvrir à d’autres types de perles mais aussi des matériaux comme l’or blanc et le titane. Proposer des alternatives à la combinaison perle blanche et or jaune, est un challenge qui m’anime très clairement pour les prochaines collections !