Sharing Jewelry : des liens qui tissent d’autres liens, grâce à l’initiative d’une femme. Une histoire humaniste liée à la joaillerie. Confectionnés avec le cœur et l’âme à partir de pierres et de fil, ces bijoux racontent une histoire.
Katia Samson a travaillé pendant presque vingt ans dans le secteur des médias, avec de grandes marques comme Coca-Cola. Après un burn-out, elle choisit de prendre du recul et de faire une pause.
En voyage pour un festival de yoga, elle décide de soutenir un petit stand tibétain au bazar en achetant un collier (première photo), et emporte également un prospectus.
De retour chez elle, elle est frappée par la finesse de la création et regrette de ne pas en avoir acheté davantage. Katia regarde alors le prospectus, qui comporte des coordonnées ainsi que quelques lignes sur l’origine de l’atelier, créé à Dharamsala par une mère célibataire anglaise afin de venir en aide à trois nonnes réfugiées tibétaines.
Touchée par le bijou et par son histoire, elle décide de ne pas en rester là. Elle entreprend alors d’écrire et de téléphoner aux coordonnées indiquées. En toute confiance, la femme anglaise lui propose de lui en expédier certains en France. Elle lui explique également comment les nonnes ont appris cette technique japonaise de micro-macramé.
Elles faisaient partie du groupe des « 14 nonnes chantantes de Drapchi ».
Ngawang, Yangzom et Sangmo ont été arrêtées dans leur monastère à Lhassa (Tibet) pour avoir pris part à une manifestation pacifique contre l’occupation chinoise. Torturées et condamnées sans procès, elles ont purgé de longues peines d’emprisonnement. Durant leurs trois années d’exil en Inde après leur libération, elles ont appris à créer ces bijoux uniques et délicats, composés de gemmes et de perles (rubis, chrysoprases, labradorites, améthystes…) serties sur du fil.
En 2009, les nonnes demandent l’asile politique à la Belgique et deviennent résidentes belges en 2014. Leur souhait le plus cher est de pouvoir rentrer au Tibet pour voir leur famille. L’une d’elles n’a pas vu ses proches depuis plus de 15 ans. Mais elles se sont encore vu refuser le visa d’entrée au Tibet ces deux dernières années.
Aujourd’hui, elles continuent de créer certains bijoux de Sharing, à leur propre rythme.
Comment tout a commencé
En 2008, tandis que les nonnes créent des bijoux pour l’atelier de Darhamsala, Katia décide d’en acheter plusieurs et de les revendre à l’occasion d’une vente privée de Noël à Paris. Peu après, les nonnes s’installent en Belgique, mettant fin à leur activité de création de bijoux.
Quelques mois plus tard, lors d’un voyage à Bruxelles pour un atelier de méditation, Katia rend visite aux nonnes afin de prendre de leurs nouvelles. Elles ne parlent pas le français, très peu l’anglais, et sont très timides. Souhaitant les aider et leur apporter une source de revenus, Katia leur propose de continuer à fabriquer des colliers, si elle parvient à trouver tout le matériel nécessaire en Inde. Elles sont ravies de poursuivre l’aventure. Katia prend alors le temps d’en apprendre davantage sur les pierres et les fils nécessaires, afin de savoir quoi acheter, où et comment. Durant les quatre premières années, ce projet a pour unique objectif d’aider les nonnes.
La mission Sharing
Étant donné les nombreux retours positifs sur les bijoux et sur l’ensemble du projet, Katia décide de créer la marque Sharing. Cette petite initiative grandit rapidement, conduisant à de nouvelles collaborations, de nouvelles créations et de nouvelles rencontres. Une petite coopérative de femmes tibétaines vivant à Dharamsala et une famille d’artisans du Cachemire contribuent à l’aventure Sharing.
Katia se charge de créer et cocréer les différents styles et de choisir les couleurs, les fils et les combinaisons de pierres. Mais il est important de laisser les artisans exprimer leur propre créativité. « C’est une histoire commune. »
Ces bijoux délicats et poétiques, avec l’esprit et l’éthique qui les entourent, doivent pouvoir raconter leur propre histoire… Et c’est ce qu’ils font. Tout en simplicité et délicatesse, ils confèrent un certain éclat à celles qui les portent.
Katia Samson a sa propre vision et ses propres objectifs, ne tenant pas compte de la forte demande du secteur de lancer de nouvelles créations. L’idée est de bâtir une relation continue, de façon à ce que les clients puissent trouver leurs styles préférés de bijoux Sharing, qui ne sont jamais tout à fait identiques, mais jamais complètement différents (« same same but different », qui signifie « pareil mais différent », est un célèbre proverbe indien). Katia admet que cela peut parfois être éprouvant à cause des difficultés de communication, la mentalité orientale étant si différente de la façon de penser et de travailler des occidentaux. « Apprendre la patience et devenir plus flexible étaient des conditions indispensables, constituant une merveilleuse leçon de vie qui s’ajoute à toutes les choses que m’ont apportées Sharing et l’Inde. » Selon elle, toute cette initiative a été une véritable bénédiction et elle est particulièrement reconnaissante envers les nonnes. Cette aventure l’aura énormément aidée dans son cheminement personnel.
Sharing Jewelry
En plus des trois nonnes tibétaines, Katia parvient à entrer en contact avec le jeune homme qui leur a enseigné cet art. Elle entame avec lui une collaboration basée sur la confiance, via Skype. Ce n’est que trois ans plus tard qu’ils se rencontrent, lorsque Katia se rend à Jaipur pour se procurer des pierres. Il y a deux ans, elle rencontre un autre jeune homme qui recherche du travail. Convaincue par son enthousiasme, elle décide de lui donner une chance. Il deviendra sa troisième source de production. Il peut désormais offrir du travail à ses proches et soutenir sa famille.
Aujourd’hui, sept ans après le début de l’aventure, grâce à Katia Samson, plus de 600 colliers et autres bijoux tibétains sont fabriqués et vendus chaque année dans différents types de boutiques. Sharing Jewelry est une initiative soutenue par plus de 50 pays dans le monde, excluant la Chine pour des raisons évidentes.
Sharing, le partage d’un espoir commun.