Si la perle est considérée aujourd’hui par les jeunes générations comme dépassée, elle demeure pourtant une tendance aussi ancestrale que culturelle dans certains pays. Les perles font la tendance du moment et n’ont rarement été aussi utilisées. Bien que radicalement différentes, deux peuples aujourd’hui dépendent du commerce des perles. Si l’un se loge dans le Pacifique entouré d’animaux marins, l’autre vit dans un village Tanzanien en haut d’une montagne encerclé de gros félins.
La Polynésie française représente environ 270’000 personnes vivant au milieu du Pacifique. Cette collectivité d’Outre-Mer composée de 5 archipels repose principalement sur la culture de la perle noire, de la noix de coco et des vanilleraies.
Les perles noires sont en réalité des perles grises aux intensités de couleurs variées allant de turquoise ou vert en passant par aubergine. Les plus belles sont récoltées dans l’archipel des Gambier chez Robert Wan – un des seuls perliculteurs à avoir fait sa place en joaillerie. Bien que son appellation scientifique soit la Pinctada Margarifitera, la formation de la perle est un phénomène naturel aidé de la main de l’homme et dont le résultat se fait attendre plus de deux ans !
Pour faire simple, il suffit de tailler une bille de 0.8 cm prélevée d’une moule d’eau douce de la rivière du Mississipi que l’on appelle nucléus et qui est alors inséré dans le muscle de l’huitre (sac perlier) avec un morceau de nacre prélevé à l’intérieur de celle-ci (greffon). C’est lui qui déterminera la couleur de la perle. La perle se forme alors dans un endroit protégé appelé naissain vierge qui part en culture aquatique pendant près de 18 mois. La récolte se fait alors uniquement après un choc thermique dans l’eau et 30 à 60 jours sont nécessaires afin de voir un rejet éventuel du nucléus par l’huitre. Il faut savoir qu’une huitre peut-être greffée jusqu’à 4 fois d’un nucléus du diamètre de la perle récoltée. Les grosses perles (> 11 mm) proviennent donc des dernières greffes. Seules 5 à 10% des perles sont considérées comme parfaites remplissant les critères des cinq S : Shape, Shine, Shade, Size and Surface. Un équivalent des 4C pour les diamants définissant son pédigrée. Une fois triées, lustrées et calibrées, les plus belles perles sont destinées à l’exportation. Leur prix varient allant de dizaines à dizaines de milliers d’euros.
Anecdote : Les perles noires utilisées dans les collections de joaillerie du Japonais Mikimoto proviennent des fermes perlières de Robert Wan.
Le peuple Maasaï comprend près de 1.2 millions de personnes vivant en tribu dans des villages installés entre la Tanzanie et le Kenya. Fidèles à leur traditions culturelles, les Maasaï prennent part aux forces économiques et touristiques de la région en travaillant dans des camps de chasse et de safaris pour les hommes ou dans la confection de bijoux en perles de verre pour les femmes. C’est ainsi que les femmes Maasaï ont su trouver leur indépendance depuis quelques années.
Il faut savoir que si l’homme Maasaï est chasseur, guerrier, semi-nomade, éleveur de bétail et polygame, c’est la femme qui est la chef du ménage. Elle possède sa propre maison, élève les enfants et s’occupe en confectionnant bijoux et objets de perles qu’elle vend aux touristes. Loin d’être un simple passe-temps c’est une activité plus que lucrative. La femme Maasaï va acheter ses perles au marché ou demande à son amant préféré qu’il vende un boeuf pour qu’elle puisse s’acheter des perles. Elle voyage afin d’assister à des séminaires sur les perles et se doit de suivre les modes! A chaque cycle, sa couleur tout prenant compte de l’offre et de la demande, ses prix n’év (entre 15 et 150 Euros la pièce).
Les perles Maasaï sont de simples perles de verres enfilées sur des fils de fer. On reconnaît les colliers Maasaï à leur forme collerette que l’on accroche autour du cou, comme une sorte de donut géant qui met en valeur le visage des femmes et leur crâne rasé … à l’image de la lionne. Quelle que soit leur forme, chaque bijou possède une couleur dominante rehaussée par des tonalités vives permettant d’éloigner les animaux sauvages. Considérée au delà du bijou, c’est une parure corporelle que la femme utilise comme un outil de séduction. Rythmée par les chants et les danses traditionnels, la femme Maasaï fait bouger ses bijoux par un mouvement d’épaules tout en ondulant son cou et le haut de son corps afin d’attirer le regard de sa conquête. Une ode joaillière … uniquement pour lui plaire.