La fille à suivre : Elisa Nataf, la créatrice de Lisonia

L’amour de la joaillerie en héritage

Lorsque qu’on lui demande comment elle est venue à la joaillerie, Elisa Nataf évoque spontanément ses souvenirs d’enfance. Des heures passées à observer la boîte à bijoux de sa grand-mère italienne, qui regorgeait de trésors. C’est elle qui lui offre sa première pièce, une bague ornée d’une topaze en forme de cœur, montée sur un jonc en or jaune, qu’elle porte encore aujourd’hui. Si pour Elisa, la joaillerie est liée à l’amour et à l’émerveillement, elle l’est aussi à la séduction. Alors collégienne, l’adolescente cherche à attirer l’attention d’un de ses camarades de classe. Complice de ses états d’âme, sa grand-mère lui prête une paire de boucles d’oreilles en forme de marguerite sertie d’émeraudes et de rubis pour que son coup de coeur la remarque.  « Il se trouve que ce jour-là le soleil a joué en ma faveur. En faisant briller les pierres, les boucles d’oreilles ont créé des reflets sur le mur, ce qui a fait réagir toute la classe! » sourit Elisa. Une initiative qui ne fera pas l’unanimité du corps professoral, qui sanctionnera l’élève audacieuse de 48 heures d’exclusion, mais peu importe « il est venu me voir à la suite du cours, et la romance a débuté ».

De la gemmologie à la création

Le bac en poche, Elisa débute sa formation à l’Institut National de la Gemmologie à Paris. Avec l’un de ses professeurs, passionné d’expertise, elle écume les salles de vente pour mieux observer les pièces de joaillerie anciennes, et exercer son œil. « J’ai encore le souvenir d’un encrier doté de deux émeraudes de 100 carats chacune, une pièce véritablement hors normes » glisse-t-elle. Pour sa spécialisation, Elisa opte pour le diamant, sa pierre favorite. « J’aime la lumière qui s’en dégage, c’est une pierre caméléon qui reflète mieux que quiconque les couleurs qui l’entoure. Pour moi, c’est la reine des pierres ». Son diplôme en poche, Elisa rejoint l’atelier d’un diamantaire. Elle y restera dix ans, gravissant un à un les échelons. Une étape formatrice, qui permet à la jeune femme d’envisager une suite où la création aurait toute sa place. « J’ai toujours aimé dessiner des bijoux, retranscrire sur le papier mes envies, que ce soit en termes de porté ou de forme ».  Chez Lisonia, la géométrie tient une place importante dans les sources d’inspirations, qui cohabitant avec l’influence de la peinture et du courant impressionniste. L’ovale et la poire sont ses formes de prédilection, qu’elle décline à travers ses collections phares comme Tourbillon, Dentelle ou Darling.  Pour cette dernière, Elisa a eu envie de jouer l’accumulation de pierres sur des bagues qu’elle twiste, selon les versions, de pierres de couleurs, comme la malachite, l’œil de tigre ou le lapis lazuli. « Je crée de la joaillerie pour tous les jours, car pour moi le bijou vient finir une tenue, au même titre qu’une goutte de parfum, ou qu’un rouge à lèvres. C’est d’ailleurs ce que vient chercher ma clientèle. Des pièces chic, glamour, mais toujours easy to wear ». Il faut pousser la porte de son écrin niché au cœur du 6^e arrondissement, pour comprendre instantanément ce que cela signifie. On est alors séduit par la délicatesse des lignes, qui leur donnent cet effet seconde peau. Sous sa patte, le full pavé se décomplexe, et s’envisage sous un nouveau jour. « En matière de joaillerie, il ne faut se fier qu’à son instinct et laisser le charme opérer » explique Elisa. A bon entendeur…