Chabi Nouri, une force tranquille à la tête de Piaget

Jeune, brillante et avenante, Chabi Nouri a passé deux ans sous l’égide de Philippe Leopold-Metzger avant d’être nommée Directrice Générale de Piaget en début d’année. « Un sacré bout de femme, » diraient certains ; « WonderWoman » diraient d’autres. Dix questions à cette force de caractère et de passion, qui fait de cette mère de famille tout juste quarantenaire, un modèle féminin dont beaucoup d’entre nous devraient s’inspirer.

Auteur Par Eleonor picciotto

Vous avez commencé chez Richemont chez Cartier, puis vous avez été chez British American Tobacco avant de revenir dans le groupe. Qu’est-ce qui vous avait le plus manqué ? 

Chabi Nouri : La partie création accompagnée d’une passion pour le produit !  Mais il est vrai que toutes mes expériences professionnelles ont été extrêmement enrichissantes et se sont construites les unes sur les autres. Du rapport que l’on a avec les clients ou les filiales aux prospects ou artisans avec qui nous collaborons. Tout cela nourrit des compétences à la fois professionnelles et humaines. On ne décide pas des opportunités que l’on a et c’est ce qui fait la magie de l’expérience !

On voit de plus en plus de femmes à de hauts postes dans cette industrie masculine … À votre tour, vous devenez CEO, une première dans l’industrie. Quel est votre avantage ?

C.N. : La diversité dans une entreprise est importante. Je suis convaincue que c’est une vraie force de pouvoir comprendre les différentes cultures et façons de penser au sein d’une même équipe.  Indépendamment d’un profil féminin ou masculin, le profil d’une personne est ce qui compte le plus. En tant que femme, je suis ravie de voir de plus en plus de femmes dans notre industrie, un quota qui semble encore assez balancé.  Après tout,  je représente 50% d’une population qui fait notre monde !

Piaget semble prendre un gros tournant vers le digital, plus que jamais. Par quel moyen et comment souhaitez-vous affirmer votre présence ? Ces fameux « millenials » sont-ils à prendre en compte ?

Bien sûr ! La vente est extrêmement intéressante sur les sites. De nos jours, il faut savoir raconter cette même histoire via différents canaux. Rester authentique dans le message et le diffuser de manière différente est primordial. Le digital est partie prenante de notre société, mais je pense que c’est plus d’engager les internautes au delà de juste leur donner la possibilité d’acheter en ligne.

Vous parlez d’étendre la vente Piaget vers l’e-commerce. Est-ce par le biais de boutique en ligne en nom propre ? D’e-commerce standards ou de marketplaces?

C.N. : Finalement ce que l’on souhaite véritablement développer c’est la relation avec le client. Que ce soit sur notre site ou celui de quelqu’un d’autre. Des bloggeurs aux journalistes en passant par des amis nous devons pouvoir et savoir exprimer ce qu’est l’univers Piaget. Il faut quand même garder en tête que trois quart des gens qui achètent en boutique sont passés en amont par de la recherche sur internet.

Comment pourriez-vous définir la force de Piaget en horlogerie ?

C.N. : Je pense que c’est notre approche horlogère de faire des montres élégantes. Si l’on prend l’Altiplano pour exemple, au delà de son calibre extra-plat et de sa finesse légendaire, elle exprime l’élégance à l’état pur. Il en va de même pour la ligne féminine avec la ligne Possession, Cocktail ou Gala… Chez Piaget, nous sommes enclin à aller toujours plus loin : un mouvement encore plus plat, une boite et son mouvement qui restent harmonieux en finesse. Piaget exprime l’allure et l’élégance.

En joaillerie ?

C.N. : Dans notre joaillerie de tous les jours, toutes les pièces sont ludiques : elles tournent, bougent, se transforment. Elles dégagent une énergie positive : l’utilisation des couleurs, des pierres et du jeu des matières gardent un esprit très jovial, à porter de jour comme de nuit. En ce qui concerne la haute-joaillerie, notre dernière collection Sunlight Journey en est un bel exemple. Nous avons poussé encore plus loin notre savoir-faire et créativité en utilisant de la marqueterie de plumes et d’opales faisaient ressortir gaité et la joie à travers des jeux de couleurs et matières époustouflants.

Marqueterie de plumes, d’opales, de bois où même plus récemment de coquilles d’oeuf … toujours  plus loin, toujours plus original : jusqu’où êtes vous prête à aller ? 

C.N. : Jusqu’où il faudra ! L’inspiration d’une collection nous amènera là où il faudra. Si cela nous demande d’aller chercher le meilleur artisan. Nous le ferons. Parfois, nous apportons un challenge supplémentaire à ces talents qui doivent apprendre à travailler sur une petite surface. Piaget a su offrir une libération de la créativité en donnant plus d’espace de travail sur les cadrans grâce à l’utilisation du mouvement ultra-plat.

Ne pensez-vous pas que la créativité qui nous a été démontré dernièrement arrive un peu à saturation ?

C.N. : Pas du tout, je pense qu’il y a encore de la place pour tous. Il faut cependant savoir se donner la peine de chercher, de réfléchir et de pousser ses limites encore plus loin tout en restant fidèle aux codes des maisons qui se sont affirmées au fil des décennies.

9- Piaget s’est d’abord imposé en horlogerie en se spécialisant dans les calibres extra-plats puis en joaillerie avec un savoir-faire aussi étonnant qu’impressionnant. A quel changement de perception de la marque vous attendez-vous ? 

C.N. : Je ne sais pas si on peut concrètement parler de changement de perception ; je dirai plus ce que Piaget évoque et exprime. C’est une marque historique riche de savoir-faire qui est motivée et animée par un surpassement de soi le prouvant par l’audace dans les couleurs ou matériaux utilisées mais aussi par le mariage des formes. La Montre-Manchette est un bel exemple de fusion entre l’horlogerie et la joaillerie. Piaget dégage une vraie valeur énergique et joyeuse.

Entre nouvelles responsabilités et voyages professionnels, le peu de temps qu’il vous reste : qu’est-ce que vous en faites? 

C.N. : Je fais du sport bien que pas assez… Mais surtout je profite de ma famille et de mes amis tout en cultivant ce profond besoin de nature. Il faut une organisation béton pour concilier la vie professionnelle et vie privée : cela fonctionne et c’est ce qui en fait le socle de mon équilibre, me permettant de faire les deux!

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