Sous l’impulsion du joaillier américain Tiffany, une ère nouvelle s’ouvre pour la transparence dans l’industrie du diamant. Une démarche justifiée par le besoin d’information des clients, toujours plus soucieux de l’origine des pierres.
Lors de la présentation du bilan de l’année 2018 pour le secteur de l’horlogerie, bijouterie et joaillerie, le comité Francéclat n’a pas fait mystère des nombreux défis qui attendent les professionnels de la filière. L’observatoire a notamment rappelé que la traçabilité, l’éthique et la protection de l’environnement seront autant de thèmes clés pour les années à venir.
Si certains intègrent peu à peu cette nouvelle donne, d’autres ont choisi de prendre le sujet à bras le corps. Parmi eux, Chopard arrive en tête. Lancé en 2013, le programme The Journey a non seulement marqué un tournant dans l’histoire de la maison, mais a également insufflé une dynamique au sein de la profession. A travers ses engagements en faveur d’un approvisionnement en or éthique, auprès de mines artisanales labellisées Fairmined, ou de diamants certifiés Responsible Jewellery Council, une organisation non gouvernementale encourageant les pratiques commerciales responsables, Chopard fait partie des pionniers en matière de traçabilité.
Également connue pour son action en faveur d’une extraction minière plus responsable, la Maison Tiffany a créé la surprise en ce début d’année. Par le biais d’un communiqué officiel, le joaillier a indiqué que la provenance des nouveaux diamants certifiés sera désormais indiquée sur leur certificat d’authenticité. Comment tracer l’origine géographique de chaque diamant ? Grâce à un numéro de série unique gravé au laser et invisible à l’œil nu. Tiffany & CO ne compte pas s’arrêter là. En 2020, le joaillier partagera également des informations sur le processus de transformation, comme celles sur les sites des ateliers de taille et de polissage, en plus de la provenance du diamant.
Une nouvelle étape pour plus de transparence dans l’industrie du diamant, dont on ne peut que se réjouir. Car si l’impulsion ne vient pas des grands acteurs, comment faire bouger les lignes ?
Interrogée à ce sujet, Philippine Pérouse, la dirigeante et fondatrice de la marque de joaillerie Pérouse Paris, dit accueillir avec enthousiasme cette annonce qui incite les industriels à aller plus loin que la garantie « sans conflit » des diamants. Selon la créatrice, il y a d’autant plus un intérêt à agir « que les consommateurs sont très sensibles à ces sujets : l’histoire, la provenance des diamants sont autant d’informations dont la valeur ajoutée est non négligeable dans l’acte d’achat, car ce sont elles qui rendent la pierre si particulière aux yeux des clients ».
Une telle initiative pourrait-elle s’appliquer aux pierres de couleurs ? « C’est tout le sens de notre action, celle de fonctionner en circuit court, avec le moins d’intermédiaires possibles pour contrôler nos approvisionnements. A l’heure actuelle, il manque un label pour structurer la filière et garantir une totale traçabilité des pierres de couleur, à l’instar du processus de Kimberley. Le marché va y venir, je ne suis pas inquiète ».