Alice Fournier, franco-suisse installée à Paris a lancé sa marque éponyme il y a un peu plus de quatre ans. Les créations Alice Fournier nous donnent le sourire. À son image, elles sont solaires et originales – centrées sur la pierre de couleur. Le temps d’une interview elle s’est confiée à The Eye Of Jewelry.
Passer par la maison Chopard a du être aussi inspirant que formateur, qu’avez-vous pu retenir de ces années ?
Mon expérience chez Chopard fut assez brève mais très formatrice. Après avoir postulé à la création de manière totalement spontanée, j’ai été embauchée au service des archives. Entourée de personnes très inspirantes, cela m’a permis d’appréhender les différences facettes et la rigueur du métier. C’est à ce moment la que j’ai découvert la gemmologie – une vision à 360° de la joaillerie : l’expérience du négoce de pierres, la communication, la création.
Comment avez-vous eu le déclic de créer votre marque de joaillerie ?
La joaillerie était une passion mais j’étais assez convaincue qu’il fallait avoir assez d’expérience dans la profession avant de ma lancer. Très vite cette passion est devenue une évidence, mais j’y suis allée petit à petit. J’ai pris le temps d’étudier, de travailler pour des grandes et des plus petites structures. Puis, j’ai eu l’opportunité de travailler à la création et dans le négoce de pierres. C’est ce qui a bâti les bases de la marque Alice Fournier.
Votre signature créative se loge dans les pierres de couleurs, le travail de la matière et dans les proportions que vous donnez à vos bijoux – qu’est-ce qui vous inspire ?
Ce qui m’inspire de manière générale, c’est l’architecture, la nature. Mais cela est vaste je vous l’accorde. Je me concentre sur l’architecture à l’échelle du bijou, des textures, des zooms de petits détails. Comme par exemple les boucles d’oreilles Toba qui sont inspirées des gouttelettes d’eau de la rosée du matin et de l’époque byzantine.
Comment les autres vous inspirent ?
En vérité les gens ne sont pas inspiration première. Toutefois, deux de mes proches m’ont toujours inspiré. J’ai grandi avec l’image de ma mère qui portait un certain style de boucles d’oreilles et ma grand-mère qui ne sortait jamais sans une broche. Parfois dans le métro, dans la rue, les gens m’inspirent par leurs allures ou leur style en général.
Vous avez lancé votre marque avant le Covid, quels ont été vos plus gros challenges ?
J’ai eu la chance de ne pas souffrir directement du Covid, dans le sens où je ne possède pas de points de vente ni de boutiques en propre. Donc je n’ai pas eu de stock immobilisé. Au début de cette crise, dans cette période d’incertitudes, mon activité restait « futile » aux yeux des gens. Puis petit à petit, à la fin du confinement j’ai souhaité amener un peu de légèreté et j’ai échangé davantage avec mes clients via What’s app. Une vraie proximité s’est créée, mes clients avaient eu le temps de réfléchir à leurs créations, alors des projets magnifiques ont vu le jour.
Quel est le bijou le plus fou, complexe, amusant que vous ayez réalisé ?
J’ai eu à réaliser une parure avec des pièces en jade et cela a été très challenging car le client avait une idée précise de ce qu’il voulait mais ce n’était pas ce que j’avais en tête pour ce projet. Je l’ai alors conseillé et nous avons, après maintes discussions finalement trouvé un juste milieu. En ce moment, je travaille sur une bague articulée qui est très complexe. Cela pourra prendre du temps, car je ne lance pas une création sans en être parfaitement satisfaite.
Quand un client vous contacte, comment se passe le processus créatif ?
Pour la demie-mesure, c’est-à-dire des créations réalisées à partir de bijoux de la collection actuelle, les clients savent déjà ce qu’ils veulent. Quand c’est du sur-mesure, je m’adapte toujours au style de vie de mes clients, à leurs centres d’intérêts. J’utilise beaucoup les pierres de couleurs, certaines peuvent être fragiles, donc on ne porte pas une bague en pierres de couleur comme on porte une bague en diamants. J’essaie au maximum de les « éduquer ». Par exemple, une bague en émeraude ne pourra pas être sertie sur un serti griffe pour un usage quotidien car la pierre est trop fragile et friable.
Alice Fournier dans 10 ans ça ressemblera à quoi ?
J’aimerai beaucoup avoir mon propre lieu, un vrai écrin où je pourrai présenter mes collections avec pourquoi pas un salon privé à l’étage. Cependant, je n’ai pas envie de recevoir à la manière des boutiques de la Place Vendôme mais plutôt dans un lieu à mon image, coloré, sans chichi, « feel like home ». Aussi, à l’avenir, je souhaiterai être présente sur des trunks show à l’international.
Quel est votre trait de caractère principal ?
Enthousiaste.
Qu’est-ce que vous détestez le plus ?
L’hypocrisie.
Votre pierre préférée ?
C’est difficile comme question .. mais je dirai le saphir Padparadscha.
Votre bijou préféré ?
Une montre car le rapport au temps est très important pour moi – il m’effraie et me passionne à la fois. Et une bague, celle dont je suis la plus fière dans ma collection serait la chevalière Yukon.
L’activité qui vous détend ?
Le ski !
Le « faux pas » en matière de bijoux ?
Le combo gros collier et boucles d’oreilles massives.
La musique qui vous donne de l’énergie ?
« Le Dernier Jour du Disco » de Juliette Armanet.
Le livre que vous recommanderiez ?
La Vallée des rubis de Joseph Kessel.
Votre devise ?
Je n’ai pas de devise, mais j’ai récemment entendu la co-fondatrice d’Atelier Cologne, Sylvie Ganter dire « J’aime avoir le courage de mes idées ». Cette phrase m’a beaucoup marqué et inspiré.