Parisienne d’adoption, la créatrice Marion Vidal s’est très vite distinguée par son approche non conventionnelle du bijou. Son œil est attiré par le plexiglas, le verre ou encore la céramique qu’elle injecte à ses créations géométriques. Pour Marion Vidal, le bijou est au centre d’un dialogue constant entre la couleur et la matière, l’équilibre des proportions et le jeu des contrastes. Rencontre avec une pionnière de la joaillerie contemporaine.
The Eye of Jewelry : Diplômée d’architecture et de l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers, vous vous êtes d’abord tournée vers la mode avec votre ligne éponyme avant de vous concentrer sur le bijou. De quelle façon s’est faite la transition ?
Marion Vidal : Ce que j’aime avec le bijou, c’est qu’il offre la possibilité de travailler une multitude de matières, ce qui n’est pas le cas pour les vêtements. Pour mon diplôme à l’Académie des Beaux-Arts, j’ai commencé à travailler les perles en céramique et des structures en laiton. Le bijou faisait alors partie du vêtement, il le soutenait ou il articulait des éléments de la silhouette. Après deux collections de prêt-à-porter, j’ai dessiné une collection d’accessoires, incluant des sacs et des bijoux, puis j’ai ensuite décidé de me concentrer sur le bijou, mais toujours dans l’idée qu’il était un composant d’une silhouette.
Theiofj : Que vous inspire le bijou en tant qu’accessoire ?
MV : La dualité du bijou m’inspire énormément, il agit à la fois comme un masque qui nous protège et dans le même temps, il nous dévoile. C’est un élément avec lequel on est en totale interaction et qui permet le dialogue avec le monde extérieur.
Theiofj : Votre marque se distingue par son approche non conventionnelle du bijou, notamment l’attention portée aux matériaux alternatifs. Pourquoi avoir fait le choix de vous concentrer sur ces matériaux comme le plexiglas, le laiton ou encore la céramique ?
MV : J’aime travailler les matières et les utiliser de façon à ce qu’elles s’expriment, sans les contraindre ou les contrarier. Je joue avec les formes, la texture, les couleurs; l’idée est de créer un dialogue entre ces matériaux, de créer des oppositions. Le dialogue nait aussi du contact avec nos ateliers, français et italiens, avec qui nous développons ces matériaux exclusifs.
Theiofj : De quelle façon votre formation d’architecte influence-t-elle vos créations ?
MV : J’utilise le même process créatif pour dessiner des collections de bijoux que pour dessiner un bâtiment d’architecture ou un objet. Cela demande de la technique et de la rigueur d’exécution pour atteindre le point d’alchimie parfait entre la matière, la couleur, et les proportions.
Theiofj : Parlez-nous de la collection Sea Treasures : comment est née cette collection ?
MV : La collection Sea Treasures m’a été inspirée lors d’une promenade sur la plage aux bords de la Méditerranée en plein hiver. Il y avait une sorte de poésie qui se dégageait des éléments de verre et de plastiques déformés, comme adoucis par le temps et la mer. Le design italien des années 90, la réflexion autour des lignes de l’eau sur le corps ont également été une source d’inspiration.
Theiofj : Votre pièce favorite ?
MV : Le bracelet galet qui mêle plexiglas, laiton brossé doré et jersey. Sculpté dans un bloc de plexiglas, il vient se poser sur le poignet de façon inattendue et élégante. Une pièce à la fois brute et raffinée.
Theiofj : Vos projets pour la suite ?
MV : Je travaille actuellement à une ligne de petites architectures en vermeil et pierres qui sortira en juillet au Bon Marché et dans notre boutique. Je viens également de prendre la direction artistique d’une maison reconnue pour son savoir-faire, j’ai hâte de pouvoir vous en dévoiler plus prochainement !